La maison brûle


« Nous devrons réapprendre à juger, mais d’un jugement qui ne punit ni ne récompense, n’absout ni ne condamne. Un acte sans fin, qui soustrait l’existence à toute finalité, nécessairement injuste et fausse. Une simple interruption, un instant en équilibre entre le temps et l’éternité, dans lequel n’effleure que l’image d’une vie sans fin ni projets, sans nom ni mémoire – et pour cela sauvée, non dans l’éternité mais dans une « espèce d’éternité ». Un jugement sans critères préétablis, et toutefois, pour cela même, politique, parce qu’il restitue la vie à sa naturalité. »

Giorgio Agamben, Quand la maison brûle, Payot et Rivages, Paris, 2021, page 16.