La Gorgone


Je te vois soigneusement dissimulé derrière ta tête. Je te vois enfoncer comme tu peux un tournevis à l’intérieur de ton crâne, fourailler dedans pour que ça ne se voit pas, te tordre et grimacer, te crisper en t’enroulant sur toi-même.
Ton bel habit ne dissimule ta faiblesse qu’aux aveugles et aux complaisants. Tu n’accuses pas par méchanceté mais parce que tu as peur. Tu charges l’autre de tes propres crasses, je l’accable de mes insuffisances, le courage et la clairvoyance ne sont pas de notre monde, on leur préfère le mensonge et l’ombre. Je nous sais démiurge, doué de la grâce de transposer l'indicible en obscénité. Je te regarde et j’en ai la nausée.
Tu tues sans en avoir eu le courage. Tu blesses en demandant pardon. Tu conchies ton enfant parce qu’il te fait vaciller. Tu frappes ton amoureux en le lui reprochant. Tu te soumets à la loi. Tu trouves que cela va de soi.
Le mensonge et l'oubli sont notre salut.
La main du diable n'a jamais appartenu à Satan.